La Terre invisible

Hubert Mingarelli

Buchet-Chastel

  • Conseillé par (Libraire)
    24 juin 2019

    La terre invisible, un roman qui se situe entre rêve et réalité


    On est en suspension. Un bout d’histoire commence et puis s’arrête et reprend, file vers ailleurs.
    Des souvenirs d’une mémoire ancienne surgissent, se collent à l’instant présent, une vision d’enfant, des grondements du tonnerre, les éclairs, la petite histoire se précipite alors dans la grande comme une pluie d’orage. C’est la fin de la seconde guerre mondiale, la libération des camps.
    Des soldats allemands défilent dans les rues, en vaincus qu’ils sont devenus.
    Un photographe veut faire témoignage mais de quoi au juste ? Des fantômes, des regrets, des culpabilités, des fautes des femmes et des hommes civils qui ont laissé faire l’innommable ?
    La terre invisible se situe entre rêve et réalité, ce roman nous plonge dans une sorte d’attente hypnagogique, une hallucination qui précéderait ou suivrait immédiatement un sommeil ennuyé par de mauvais rêves.
    C’est une terre chargée d’eau, qu’elle vienne du ciel ou d’un fleuve charriant ses morts aux jambes grises.
    Ce roman puissant est une esquisse où tout n’est qu’esquive, pour réussir cela il faut un écrivain de la trempe d’Hubert Mingarelli.


  • Conseillé par
    21 août 2019

    1939-1945, photographie

    Ce roman est donc l’histoire d’une errance avec entre les deux hommes des secrets que le photographe tente de percer : celui de son chauffeur, celui des allemands qui ont laissé faire.

    Mais le photographe et son chauffeur ne croisent que des gens simples qui se sont débrouillés comme ils ont pu à la fin de la guerre.

    Je retiendrai de cette lecture cette incompréhension, cette absence de sens.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de la voiture suivant le cours du fleuve.

    https://alexmotamots.fr/la-terre-invisible-hubert-mingarelli/


  • Conseillé par
    20 août 2019

    Allemagne, juillet 1945. Démobilisés, les soldats anglais quittent peu à peu le pays vaincu et exsangue. Un photographe de guerre ne peut se résoudre à rentrer chez lui, hanté par les images d'un camp de concentration libéré par les troupes anglaises. Dans l'espoir insensé de comprendre une telle barbarie, il part sur les routes allemandes à la rencontre d'un peuple qui a laissé faire. Le soldat O'Leary qui vient d'arriver et n'a pas connu les combats lui sert de chauffeur. Le périple commence et les deux hommes échangent peu, partageant seulement les rations militaires et l'inconfort des nuits passées dans la voiture. Au fil du fleuve qu'ils longent, ils rencontrent des hommes, des femmes, des enfants, toujours méfiants, parfois hostiles, rarement amicaux. Le photographe prend des clichés, le chauffeur l'interroge sur cette démarche qu'il ne comprend pas tout en distillant des confidences sur sa vie avant la guerre. Unis par les expériences partagées lors de cet improbable périple, les deux Anglais évoluent dans une ambiance de fin du monde, dans un pays qui panse ses plaies.

    Deux hommes hantés, un pays dévasté, un drame. Minimaliste, l'écriture d'Hubert Mingarelli nous entraîne, à coup de phrases sèches et concises, dans un road-trip dans l'Allemagne de 1945. À la rencontre des Allemands dont on ne sait s'il faut les mépriser, les haïr ou les plaindre.
    Deux solitaires qui échangent leurs silences, un environnement figé et des questions sans réponses. Que cherche le photographe en fixant sur la pellicule ces familles devant leurs maisons ? Une trace d'humanité alors qu'il a vu que les hommes étaient capables du pire ? Dans sa rétine des images de morts, des corps entassés, des êtres martyrisés, la barbarie nazie, dans son objectif monsieur et madame tout le monde esquissent un sourire timide, pas conscients encore du fait que demain le monde entier les jugera...
    Un livre étrange, une ambiance lourde, des personnages qui gardent leur mystère jusqu'au bout... une lecture qu'on termine avec soulagement pour retrouver un peu de soleil, de joie, de bonheur.


  • Conseillé par (Libraire)
    14 août 2019

    Mingarelli emmène une fois de plus son lecteur dans une promenade, une discussion entre deux personnages que tout oppose du début à la fin, et de cette opposition naît la lumière. Ou une lueur. Un très beau roman.