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Conseillé par Didier J. (Libraire)2 septembre 2019
La tentation du sublime.
Il y a dans la construction du livre une ambiguïté narrative, une sorte d’écho, des scènes sont rejouées, ou plus exactement réécrites, vues sous un autre angle mais inchangées. Cela donne au roman une dimension angoissante, un vertige, ça tangue.
L’auteur aurait pu aussi appeler son livre L’abîme ou une insondable déception.
Dans La tentation des passages de la bible, notamment de l’Apocalypse, apparaissent. Cela apporte une dimension religieuse non négligeable au roman.il y a un passage qui hante, on le lit une première fois avec le cerf puis, avec les mêmes mots, dans une scène quasiment identique, avec le chien: « …il fallait que cette ordure n’ait rien d’autre à faire dans son existence pour vouloir détruire tout ce qui vivait et respirait ici la senteur de la neige, de l’automne et des épineux, pour s’en prendre de la sorte à son griffon qui traînait son bassin détruit sans même gémir, le regard fixé sur François, exprimant plus que de la souffrance, une sorte d’incompréhension et, il en était certain, une insondable déception, maculant, dans sa reptation, la neige de l’écume carminée de son sang qui fumait dans l’air froid. »
Quant à la fin du livre qui tient du western apocalyptique… tout est interprétable. Luc Lang en styliste hors pair nous laisse dans « une blancheur diffuse. » Il ne veut pas finir ce qu’il a commencé. C’est un livre coup de poing.
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Conseillé par o n l a l u22 septembre 2019
Tentative de rédemption
En ligne de mire du chasseur, la splendeur d'un cerf à seize cors, allégorie
de la forêt qui l'abrite mais ne suffit plus à le protéger de l'arme de son
prédateur. Pourtant, François hésite. « Depuis quelques temps, il supporte
difficilement ce déséquilibre des forces, sa puissance de feu qui interrompt
brutalement la partie, en vole la fin ». Que cherche-t-il dans cette traque
solitaire, si ce n'est fuir un monde dont l'emballement, l'immatérialité, le
dépasse ?François, la cinquantaine, est un chirurgien estimé et le directeur d'une
clinique lyonnaise. À la médecine, son fils Mathieu a préféré les flux
financiers; une banque d'investissements new-yorkaise l'a transformé en «
golden boy »carnassier. Si le père semble avoir perdu « le chemin qui menait à
son fils », il ne comprend guère davantage les choix de sa fille Mathilde,
entichée d'un jeune nabab aux allures d'escroc, mais lui pardonne ses
faiblesses, héritées d'une histoire familiale « suffisamment ténébreuse pour
receler la possibilité même du meurtre d'une enfant ». Cette enfant, c'est
Mathilde, sept ans au moment des faits, se noyant dans une piscine sous le
regard de sa mère impassible.