Mademoiselle Chance

Éric Cherrière

Le Cherche Midi

  • Conseillé par
    25 avril 2013

    Coup de coeur

    Je ne sais pas ce qui m'a fait choisir ce livre: sa couverture sans doute, et l'impression en lisant le résumé que ce ne serait pas un thriller convenu. J'ai malgré tout hésité car les billets concernant le roman précédent de l'auteur parlait d'un trop-plein de violence. Je n'ai pas eu cette impression ici. J'ai d'abord adoré le duo que forment Chance père et Chance fille. Elle ne peut vivre sans lui, ils ne se quitteront donc pas et il l'emmène partout avec lui.

    Alors, bien sûr, je ne suis pas sûre qu'il soit très crédible de voir cette fillette traverser la prison comme elle le fait mais peu importe, elle humanise cet univers carcéral. L'auteur se moque de la mère de l'assassin mais après nous avoir fait rire à ses dépends, il nous fait remarquer qu'en se moquant d'elle, c'est de nous, le peuple que les médias se moquent. C'est aussi grâce au personnage de la mère, pourtant caricatural, que le monstre devient humain et j'ai énormément aimé la façon dont Eric Cherrière joue avec nos ressentis. J'ai beaucoup aimé les anecdotes sur les lieux dans lesquels s'aventure les Chance: la Maison d'arrête de la Santé, seule prison dans laquelle les prisonniers sont répartis par origine ethnique, tout comme la description du Quai des Orfèvres qui nous rend le lieu vivant avec sa description du lieu enfumé et de la découverte de métiers que je ne connaissais pas comme celui de driver. L'auteur joue sur la critique des classes sociales, des privilèges hérités. Les scènes les plus difficiles sont paradoxalement celles mises en scène par un jeune homme qui deviendra ensuite victime. Ce roman m'a touchée grâce à la relation père/fille qu'elle met en scène, j'en garde l'image de la main de la petite Chance dans celle du grand Chance, mais grâce au choix que doit faire Chance et dont je ne peux vous parler. J'ai souri plusieurs fois, notamment à cause d'une version de Vahina de Dave, mais on sourit toujours jaune. j'ai beaucoup apprécié aussi que l'auteur mette en place une scène au début, celle d'une femme dans un puits et nous fasse attendre jusqu'à la toute fin pour nous en reparler. Tout au long du roman, je me suis dit que c'était dommage d'avoir imaginé cette scène mais de ne pas donner suite, c'était sans compter le talent de l'auteur. Vous l'aurez compris, voilà un thriller que je vous recommande chaudement.


  • Conseillé par
    15 mars 2013

    La mariée était en noir

    Double mariage chez les ultra-riches : Chance Doyen va épouser Aurore Dragan, sœur de Luc, qui lui-même convole, le même jour et sous les mêmes tentes à rayure avec l’héritière de la septième fortune de France. A moins que ce ne soit la huitième. Et là, drame : la mariée disparaît. Elle venait d’apprendre qu’elle était enceinte… Chance la retrouve  quelques mois plus tard, dans un coma dont elle ne se réveillera jamais, juste à temps pour la faire accoucher. Ainsi naît Mademoiselle Chance. Neuf ans plus tard, tous les enfants qui avaient été présents au mariage sont enlevés et sauvagement assassinés. Un par un. Méthodiquement, cruellement. Implacablement. Car celui que l’on appelle l’Inconnu n’est pas un serial killer comme les autres : il est le Mal incarné. Brillant, pervers. D’autant plus pervers qu’il est brillant. L’histoire nous en a fourni plus d’un de son espèce, qui, pour satisfaire leur besoin meurtrier, s’attaquaient à des causes. Soi-disant. Sur fond de revanche sociale, qui n’est en fait qu’un gimmick pour brouiller les pistes, le tueur tue pour tuer. Il tue parce qu’on le lui a appris. Et qui ? Ceux qui, normalement, sont censés être du bon côté. C’est cette intrigue machiavélique où le Bien et le Mal flirtent et se côtoient, où le Mal va jusqu’à prendre l’apparence du Bien et vice-versa, que devra dénouer Mademoiselle Chance, avec une intelligence vive dont on se demande d’où elle vient et un goût immodéré pour le cinéma. Le cinéma, nous y voilà : adeptes de Tarantino, vous retrouverez ici la même violence, certes, mais aussi le même rythme et le même humour désabusé. Une dernière scène d’anthologie notamment, avec le « formateur »… Terrifiant. Un sacré bon polar, à la française une fois n’est pas coutume, qui dézingue tous les codes du genre. Bang bang

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