Les Visages

Jesse Kellerman

Sonatine éditions

  • Conseillé par
    20 août 2010

    Un polar dans le monde de l'art

    A la réception de ce roman, la quatrième de couverture m'avait immédiatement séduite : un enquêteur atypique puisqu'il s'agit d'un galériste et une intrigue construite autour d'une oeuvre qualifiée, à défaut de pouvoir la cataloguer précisément, "d'art brut".

    Il s'agit en fait de milliers de dessins sur des feuilles format A4 qui, une fois réunis, forment un univers cohérent mais digne de Jérome Bosch. Sur le dessin n°1 figurent cinq visages enfantins et il s'avère assez rapidement qu'il s'agit de cinq garçonnets assassinés quarante ans plus tôt selon le même mode opératoire.
    Ethan Muller est rentré en possession de ces dessins par l'intermédiaire du meilleur ami et associé de son père. Ceux-ci ont été trouvés dans un appartement d'un grand complexe immobilier qui appartient à la famille Muller et que gère cet associé. Le locataire a disparu et les dessins sont donc "abandonnés". Le héros va créer l'événement autour de cette trouvaille, conférant à cet ensemble de dessins le statut d'oeuvre en les exposant dans sa galerie.
    Peu à peu happé par cet univers sur papier, il va chercher à retrouver leur auteur, qui est peut-être aussi un "serial killer" et délaisser ce qui comptait pour lui : le milieu artistique où les marchands d'art règnent en maîtres absolus.
    La peinture de ce milieu n'est pas neuve pour moi car je m'intéresse depuis longtemps à ce microcosme souvent délétère. Cela a peut-être atténué mon plaisir de lecture. J'ai beaucoup plus apprécié les retours dans le passé où l'auteur remonte jusqu'à l'arrivée des Muller en Amérique. A l'époque, leur nom de famille était Mueller et leur origine modeste, de même que leur confession juive, n'avaient pas été soigneusement effacés de l'arbre généalogique. Le dernier rejeton de la "dynastie" est Ethan et il le confesse lui-même, son narcissisme peut lasser. Effectivement, j'ai éprouvé de la difficulté à m'attacher à ses pas et à son enquête tant son attitude m'exaspérait parfois.
    Mon impression générale est donc moins favorable que mon enthousiasme à la lecture du résumé. Ce polar est intelligent, vif, habile mais il manque l'étincelle d'humanité qui fait la différence.