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Le , Librairie Les Oiseaux de nuit


Communiqué de presse du 18 mars 2020

Réaction aux propos de Bruno Lemaire, ministre de l’économie

« Monsieur le Ministre, nous avons hâte de ré-ouvrir nos librairies et de retrouver nos clients, mais pas à n'importe quel prix. Aujourd’hui notre priorité, c’est la responsabilité et la citoyenneté. Pas les petits profits »
Groupement de cinquante libraires indépendants en France et en Belgique, Initiales souhaite réagir aux propos tenus par Le ministre de l'économie lors de la matinale de France Inter du 18 mars. Bruno Lemaire a évoqué la possibilité d'examiner une réouverture pour les librairies, pendant la période de confinement.
Face à cette grave crise sanitaire, nous, libraires, sommes responsables et avant tout soucieux de la santé de nos clients et de nos salariés. Nous avons appliqué strictement les règles de confinement et pensons qu’il est dangereux d'exposer davantage de personnes. A l’heure actuelle, seuls les achats alimentaires sont strictement nécessaires.
Nous pensons bien sûr que les librairies sont des lieux essentiels pour la culture, le partage et le vivre-ensemble, mais nous ne sommes pas dupes : l'enjeu, aujourd'hui, c'est bien de demander à Amazon, FNAC et aux hypermarchés de se cantonner aux ventes de produits alimentaires ; il serait pour le moins scandaleux que le géant américain de la fraude fiscale, qui fait tout pour échapper à l'impôt et "évite" ainsi de contribuer à la solidarité nationale, profite de cette crise pour gonfler ses gains. De plus, tous exposent sans vergogne leurs salariés aux risques de contamination et recrutent actuellement des intérimaires... Le gouvernement doit faire preuve de courage politique et imposer un peu de décence.
Contrairement à ce qui a été dit par le ministre sur France Inter, jetant de la confusion avec la vente presse, nous tenons à souligner que les librairies sont bien fermées en Belgique, comme nous l'ont confirmé nos adhérents là-bas.
Nous avons hâte de ré-ouvrir nos librairies et de retrouver nos clients, mais pas à n'importe quel prix : dans des conditions de convivialité nous permettant de bien faire notre métier, du temps pour accueillir, conseiller, la possibilité de faire des commandes – l'essentiel de la chaîne du livre est aujourd'hui à l'arrêt - ; dans le souci de la santé de toutes et tous. Un livre peut vous attendre un mois, un an, un siècle.

Wilfrid Séjeau Président d’Initiales